jeudi 22 mars 2007

réflexions sur la laicite en France

la loi de 1905 a été portée par des anticléricaux très actifs, qui voyaient en l’Église un bastion des idées réactionnaires et qui y percevaient des relents royalistes, comme l’avait illustré à leurs yeux Mac Mahon. Dans leur esprit, la Séparation, qui était en soi une conception moderne de l’État, était aussi un moyen de faire reculer l’influence politique et sociale de l’Église. D’où ses excès et surtout l’obsession anti-catholique qui a prévalu dans les mentalités laïques jusqu’aux années 1980. Aujourd’hui encore, alors que l’Église catholique a perdu de son influence, le laïcisme est désemparé face à la montée des spiritualismes qui se manifeste au sein de la jeunesse (les Journées Mondiales de la Jeunesse, par exemple) et dans les quartiers dits sensibles (le fondamentalisme islamique, notamment). Au moment même où l’Église catholique fait le constat de son affaiblissement (individualisation des pratiques, chute des vocations sacerdotales, disparition d’une culture religieuse commune, anticléricalisme des médias, etc.), certains continuent à la voir comme la contre-culture à abattre. Car la culture laïque se nourrissait de son opposition au catholicisme, tout comme l’instruction civique s’est élaborée en réaction contre le catéchisme. Mais ce raidissement antireligieux ne semble pas avoir intégré le recul institutionnel et spirituel du catholicisme en France. Image navrante de cette dérive, la niaiserie d’une « athéologie » invitant à jouir sans entraves en s’opposant aux supposés interdits religieux. On se croirait retourné en plein XVIIème siècle, chez Gassendi, La Mothe Le Vayer ou Savinien Cyrano de Bergerac !
Plutôt que ces âneries néo-libertines, La France devrait approfondir l’idée qu’il faut donner aux jeunes, à l’école, des lueurs sur les transcendances : l’âme, les religions, l’infini, le temps, les valeurs, le fonds spirituel occidental... L’école, outre qu’elle confond le culturel et le cultivé, est engluée dans des problèmes vernaculaires et dans un prêchi-prêcha « droits-de-l’hommiste » global et uniforme qui interdit les hiérarchies, les différences et les choix. C’est une des raisons des difficultés que rencontre la restauration de l’autorité dans les établissements. L'école retrouverait par là sa mission de transmission (de verticalité) dans une société de communication (d’horizontalité). Mais cela suppose une conception partagée de ce qui est à transmettre (valeurs, savoirs, techniques) et une mobilisation sans précédent pour rendre aux lieux d’éducation la sérénité et le respect. Pourquoi avons-nous peur de ce que nous sommes, alors que nous sommes si accueillants à ce qui nous refuse ou nous défait ? Cet angélisme est autodestructeur.

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